1.2 Qui sommes-nous ?
1.2.2 Notre conception du syndicalisme : les valeurs de la FGAF
Nous entendons par valeurs, les concepts et les principes éthiques qui inspirent et qui fondent notre vision et notre conception du service public, du syndicalisme et de l’action syndicale.
Se complétant et se renforçant les unes les autres, ces valeurs ne se bornent pas à donner un sens à l’action de la FGAF. Elles en précisent aussi les orientations et en éclairent les méthodes.
Elles forment un ensemble indissociable qui exprime notre identité et la constitue. Cette identité permet à chacun de nous reconnaître. Elle se trouve à la confluence de deux grands courants qui l’irriguent en permanence : l’inspiration républicaine et l’exigence démocratique.
L'inspiration républicaine
Cette inspiration est celle du "bien commun". Elle se traduit par une certaine vision de l’homme au travail, parce que cet homme se voue à la sauvegarde et à l’amélioration continue de l’intérêt général, à un moment où l’élargissement du monde renouvelle en profondeur les exigences de la solidarité.
Mettre l'homme au cœur du projet syndical
Cette conception s’exprime dans un humanisme volontariste au service de deux orientations permanentes de l’action syndicale.
- L'humanisme
Ce syndicalisme se nourrit de l’idée que le travail ne se réduit pas à une simple "marchandise" dont le coût est défini par un marché, mais qu’il est, fondamentalement, une source de dignité et de liberté pour la personne, de cohésion et de paix pour la société.
La vocation profonde du syndicalisme de la FGAF est de s’attacher à promouvoir simultanément les deux dimensions de cette conception du travail, pour contribuer à l’édification d’une société plus libre, plus juste et plus solidaire, dans laquelle le progrès social et le partage équitable des fruits du progrès doivent aller de pair avec un développement durable. - Le volontarisme
Deux attitudes le caractérisent.
Un double refus : d’une part, celui de la résignation ou du fatalisme qui conduisent à l’impuissance, et d’autre part, celui de l’égoïsme ou du désespoir qui aboutissent à la dislocation du pacte social républicain.
Une conviction : l’esprit de résistance associé à la stimulation inlassable de l’inventivité des hommes au travail est le ferment indispensable d’un développement économique mis au service du progrès social.
C’est en elles que s’enracine l’engagement syndical de la FGAF, car le contexte d’incertitude croissante que connait le monde du travail impose plus que jamais de préserver le "bien commun".
Concilier l'intérêt général et exigence de solidarité
Depuis sa création, la défense du service public et l’esprit de solidarité sont deux traits invariants de l’identité de la FGAF.
Les graves défaillances du marché pour faire face à la crise économique sont apparues au grand jour depuis 2008. Elles ont mis fin à l’imposture idéologique, imposée de manière péremptoire, selon laquelle le secteur privé pouvait se substituer au secteur public et faire mieux.
Devenue un dogme, cette doctrine s’est accompagnée d’un démembrement progressif des services publics, qui s’est mué de façon subtile en braderie, au nom d’une conception faussement comptable, délibérément réductrice et gravement mutilante de l’action publique.
Cette conjonction aveugle a contribué à la dépréciation dangereuse du rôle central et irremplaçable qui incombe aux administrations publiques dans un Etat de droit.
La FGAF constate que chaque fois que les services publics ont été "sacrifiés" sur l’autel de la rigueur budgétaire, cela a toujours eu pour effet d’aggraver les inégalités et d’affaiblir durablement la solidarité entre les citoyens.
Elle réaffirme sa conviction que les services publics sont le "dernier rempart" des plus vulnérables, quand le marché les a abandonnés, et que les administrations publiques sont les garantes de la paix civile, de la prospérité économique et de la cohésion sociale.
C’est cette conjugaison de la cohésion sociale et de la justice sociale qui caractérise l’idéal de solidarité collective qui nourrit le projet syndical de la FGAF.
L'exigence démocratique
C’est la deuxième source d’influence des valeurs de la FGAF. Elle s’exprime dans une double conviction :
- celle que la démocratie sociale est de règle dans tout ce qui touche au thème du Travail,
- celle que le fonctionnement interne de la FGAF doit satisfaire aux exigences de la démocratie syndicale.
La démocratie sociale
Citée par la loi (sans être définie…) et entendue de manière large comme "toutes les formes de négociation, de consultation, ou d’échange d’information, à tous les niveaux, entre les employeurs, les représentants des travailleurs et les pouvoirs publics sur des questions d’intérêt commun" (Henri Rouilleault, ancien président de l’ANACT), la démocratie sociale est le cadre naturel de plein exercice de la liberté syndicale.
Pour la FGAF, cinq conséquences majeures en découlent :
- La démocratie sociale
La FGAF est donc toujours en capacité d'analyser, de critiquer, de proposer, de négocier et d’agir, dans le seul intérêt des salariés et du "bien commun".
Pour la FGAF, cette autonomie garantit l’indépendance syndicale par rapport aux partis ou aux groupements d’affinité politique, religieuse ou philosophique.
C’est le principe de "l’autonomie-indépendance" auquel la FGAF voue depuis sa création un attachement et une fidélité sans faille.
Car elle a toujours considéré qu’il ne devait y avoir ni confusion, ni collusion, ni interférences entre la sphère syndicale et les autres sphères qui contribuent à l’expression et à l’action collectives, mais qui relèvent d’autres logiques que celle de l’action syndicale.
Cette indépendance garantit à la FGAF une liberté complète de conception, d’expression et d’action. Elle lui apporte aussi les bénéfices d’une neutralité éclairée et d’une tolérance qui la préservent du dogmatisme, du sectarisme et des amalgames.
La FGAF est donc toujours en capacité d'analyser, de critiquer, de proposer, de négocier et d’agir, dans le seul intérêt des salariés et du "bien commun". - La participation et le dialogue social
La participation des travailleurs est un principe constitutionnel, mais c’est au législateur qu’il appartient de déterminer les conditions et les garanties de sa mise en œuvre.
Or, la FGAF constate - avec le Conseil Economique et Social - que si "l’expression de dialogue social est aujourd'hui fréquemment employée [y compris dans la loi, elle est] rarement définie avec précision".
Pour sa part, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) en donne la définition suivante :
"Le dialogue social inclut tous types de négociation, de consultation ou simplement d’échange d’informations entre les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs selon des modalités diverses, sur des questions relatives à la politique économique et sociale présentant un intérêt commun. ...". - L'intelligence collective
La FGAF croit à la nécessité, à la richesse et à la force des examens croisés que permet l’exercice de l’intelligence collective. Elle doit cette conviction à l’esprit de tolérance et de neutralité qui l’inspire et la guide en permanence avec exigence. Elle en a encore apporté l’illustration avec la publication du Livre blanc sur la souffrance au travail en novembre 2012. - Le pragmatisme et la proximité
L’écoute attentive des préoccupations concrètes et des interrogations des personnels, complétée par l’examen méticuleux des conditions d’exercice de leur travail, est la condition indispensable à la pratique efficace de l’intelligence collective dont la FGAF revendique la vocation.
C’est en conciliant la connaissance de la réalité des faits vécus, et la compréhension des besoins et des attentes des personnels qui en découlent, que la FGAF définit sa politique syndicale, et en décline les perspectives, les orientations et les actions. - La volonté d'unité et de dialogue intersyndical
Depuis sa création, une forte volonté unitaire anime la FGAF.
Lorsqu'elle est réalisée, l’unité syndicale est, en effet, un puissant facteur d’efficacité. Elle ne saurait cependant porter atteinte au principe d’autonomie qui garantit la libre coopération des organisations membres, à égalité de droits et de devoirs au sein du mouvement syndical.
Cette volonté unitaire reste une ambition de la FGAF qui aspire à ce qu’elle s’exerce en s’inspirant du principe d’autonomie.
En attendant l’avènement de cette perspective, la FGAF est ouverte au dialogue intersyndical toutes les fois que l’intérêt supérieur des salariés le commande, et que l’unité d’action est le moyen indispensable pour faire aboutir une exigence, faire admettre une position ou valider un accord. Cette unité d’action ne saurait, alors, porter atteinte aux aspirations ou aux intérêts des adhérents de la Fédération, ni se traduire par un renoncement à son autonomie de décision.
La démocratie syndicale interne
C’est un principe fondateur et directeur du fonctionnement de la FGAF et de ses organisations membres.
Il associe étroitement l’autonomie de chaque composante de la FGAF et la solidarité interne au sein de la fédération.
Le principe de non-ingérence dans le fonctionnement des organisations membres est la règle. "L’autonomie-liberté" laisse à chaque organisation de base la possibilité de s’organiser, de s’administrer et de définir librement ses revendications, ses orientations et ses positions.
Ce principe n'admet que deux exceptions, qui découlent de la nécessité que peut avoir la FGAF :
- d’assumer les mandats généraux confiés à la direction fédérale ;
- d’appuyer, s'ils en formulent la demande expresse, l’action revendicative des organisations.
Si l'indépendance syndicale est garantie, dans leur secteur d'activité respectif, à chaque organisation membre, les règles de fonctionnement de la FGAF prévoient cependant que les décisions fédérales, prises en son sein à la majorité statutaire, doivent être respectées de tous.